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Un partenariat international pour le Yémen se penche sur la situation critique de la liberté de la presse

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Un partenariat international pour le Yémen se penche sur la situation critique de la liberté de la presse

2010-11-16

Un groupe d'organisations internationales pour la défense de la liberté de la presse et des droits de l'homme, dont WAN-IFRA, a appelé le gouvernement du Yémen « à cesser de mener des procès extrajudiciaires à l'encontre de journalistes » à la suite de l'audition d'Abdul Ilah Hayder Shae, journaliste à l'agence de presse Saba, qui se trouve en détention militaire pour ses articles sur Al-Qaida.

Des représentants du partenariat international pour le Yémen qui ont assisté à la dernière audition d'Abdul Ilah Hayder Shae devant le tribunal pénal spécialisé le 9 novembre dans le cadre de leur mission d'une semaine au Yémen ont appelé le président Ali Abdullah Saleh « à libérer immédiatement Abdul Ilah Hayder Shae et tous les autres journalistes détenus pour avoir exercé leur métier ». Abdul Ilah Hayder Shae a déclaré inconstitutionnel le tribunal extrajudiciaire qui statue sur son cas.

L'affaire d'Abdul Ilah Hayder Shae est le dernier exemple en date de la volonté des autorités yéménites de réduire les journalistes au silence et de museler la liberté de la presse dans le pays. D'après les membres de la mission, le renforcement des mesures de sécurité décidé par le gouvernement après que l'opinion publique internationale a exprimé son inquiétude face au climat d'insécurité régnant au Yémen ne justifie pas la répression de la liberté de la presse ou de tout autre droit fondamental de l'homme.

Le partenariat international pour le Yémen qui se compose d'ARTICLE 19, de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), de l'International Media Support (IMS), ainsi que de l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information (WAN-IFRA) était au Yémen la semaine dernière pour se rendre compte des problèmes auxquels les médias se heurtent dans ce pays.

La délégation qui a rencontré des journalistes, des rédacteurs et des éditeurs de presse, des représentants de syndicats, des défenseurs des droits de l'homme, des organisations locales non gouvernementales, des spécialistes des médias, des membres du parlement, des représentations diplomatiques et des autorités gouvernementales va publier un rapport qui décrira en détail les principaux problèmes auxquels les médias se heurtent dans ce pays. Des recommandations pour renforcer le secteur des médias et garantir son essor à long terme seront soumises au gouvernement yéménite et à la communauté internationale.

Le gouvernement a proposé une nouvelle loi sur la presse et les publications qui inquiète sérieusement les journalistes, les juristes et les organisations non gouvernementales en raison des sanctions qu'elle contient. Bien que des amendements aient été demandés et que des groupes de médias et des organisations de la société civile aient présenté deux autres projets de loi, il semble que le gouvernement cherche à légitimer la répression incessante qu'il exerce sur la liberté de la presse par le biais d'une loi.

« Il est grand temps que le gouvernement tienne ses engagements internationaux et respecte le droit à la liberté d'expression au Yémen », a expliqué Cynthia Cardenas, conseillère juridique chez ARTICLE 19. « Les dispositions actuelles qui permettent au gouvernement de sanctionner les professionnels des médias se traduisent par une pratique courante de l'autocensure, ce qui a des répercussions directes sur la qualité et la quantité d'informations délivrées au public ».

Le groupe a constaté que l'autocensure était largement pratiquée par la presse officielle ainsi que les médias d'opposition et indépendants. Les journalistes abordent rarement les sujets ayant trait au développement interne du Yémen et à son image dans le monde - Al-Qaida, le Mouvement du sud, le conflit avec les rebelles Huthis dans le nord du pays, la corruption, l'autorité du président Saleh et le rôle du tribalisme qui touche tous les domaines de la société Yéménite.

Le développement insuffisant des médias au Yémen détériore encore plus cette situation. De graves déficiences au niveau des critères professionnels et de la déontologie des médias ont conduit à un journalisme partisan et une irresponsabilité éditoriale. « Une presse libre et indépendante est un vecteur de stabilité et de développement au Yémen », a expliqué Monir Zaarour, coordinateur pour le Moyen-Orient et le monde arabe à la Fédération Internationale des Journalistes. « Il faut de toute urgence créer les conditions nécessaires à un journalisme professionnel et éthique ; l'amélioration des conditions de travail des journalistes et l'accès à une formation professionnelle sont les premières mesures à prendre ».

Le vide provoqué par l'absence d'une presse solide et indépendante a été comblé par des organes officiels contrôlés par le gouvernement, des journaux d'opposition et des titres de mauvaise qualité. Les rares publications de qualité indépendantes sont soumises à des règles d'agrément strictes, ne disposent que d'un nombre limité de machines d'impression et de réseaux de distribution et sont confrontées à un marché de la publicité politisé. Le journal Al Ayyam, l'un des rares à avoir réussi à défier cette réalité à l'échelle nationale, ne paraît plus depuis mai 2009 à cause d'une confrontation ouverte avec le gouvernement.

« La presse indépendante au Yémen doit être consolidée à tous les égards », a déclaré Mohamed Messaoudi, délégué de la WAN-IFRA et cofondateur du quotidien algérien El Watan. « Une presse indépendante active et engagée est prête à germer, mais les conditions politiques et économiques nécessaires sont loin d'être réunies ».

D'après Antti Kuusi, coordinateur pour le Yémen à l'IMS, « les médias au Yémen traversent actuellement une période de grands changements et la communauté internationale devrait de toute urgence aider le pays à créer une presse libre et diversifiée ».

 


Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Cynthia Cardenas, conseillère juridique chez ARTICLE 19 : cynthiac@article19.org
Monir Zaarour, coordinateur pour le Moyen-Orient et le monde Arabe à la Fédération Internationale des Journalistes : monir.zaarour@ifj.org
Antti Kuusi, coordinateur pour le Yémen à l'IMS : ak@i-m-s.dk
Rodrigo Bonilla, coordinateur des missions de WAN-IFRA pour la liberté de la presse : rbonilla@wan.asso.fr

 

Pour en savoir plus sur les membres du groupe, veuillez consulter les sites :

www.article19.org
www.ifj.org
www.i-m-s.dk
www.wan-ifra.org

Contact

Le Réseau de la Presse Arabe (APN) est un réseau électronique qui soutient le développement d'une presse indépendante plus forte dans le monde arabe en facilitant l'échange d'idées et d'expériences entre les directeurs de journaux, les rédacteurs, les journalistes et les défenseurs de la liberté d'expression. En savoir plus ...